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yeux devinrent ronds ainsi que la bouche, le chevalier comme emmailloté dans ses fers, Tenez, voilà notre besogne, et la vôtre ! Vous devez certainement avoir des outils de votre état sur vous, quelque lime ou un ressort de montre, ce qui vaudrait encore mieux ! Eh bien, mon fils, limez-nous toute cette enragée ferraille-là, et vous pourrez vous vanter, quand le roi reviendra, d’avoir été l’un des libérateurs de Des Touches ! »

Et voilà, baron, comme il le fut à sa manière, ce Couyart, comme nous, nous l’avions été à la nôtre. La Varesnerie avait prévu juste. Couyart, il nous le dit, avait toujours un tas d’outils dans ses poches.

— Travaillez donc, mon brave garçon, fit La Varesnerie, et soyez tranquille ; je vous jure par Dieu et par tous les saints du calendrier que personne ne vous donnera de distraction, pendant que vous travaillerez. Vous ne serez pas interrompu, allez ! Ceci nous regarde de vous préserver des importuns. »

Et nous battîmes un peu l’estrade autour de lui pendant qu’il travaillait. Ce travail, que nous n’aurions jamais pu faire sans lui, dura une moitié de journée. Jamais montre ou horloge, prétendit-il, ne lui avait donné plus de tablature et de tintouin que ces maudites chaînes ; mais il y mit la patience d’un homme