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faisait étinceler les carabines, inquiétait cet homme aux pas circonspects et presque cauteleux, car vous savez comme il marche, Sainte ? Je l’ai toujours vu le même, ce Couyart ! Il était là, au bord de cette rivière, où je le voyais pour la première fois, comme ici dans votre salon, quand il y vient pour la pendule. Oui, notre groupe, dont il ne se rendait pas de loin très-bien compte, l’inquiétait et le fit même se retourner, comme un chat prudent qui voit le danger et qui l’évite, et remonter le chemin de halage.

— On ne s’en va pas comme cela, mon mignon, dit Saint-Germain, quand on a le bonheur de rencontrer des Chasseurs du Roi avant son déjeuner, et je te promets que tu n’iras dire à personne, ce matin, que tu nous as vus. »

Et il arma sa carabine et il l’ajusta.

Il allait lui mettre certainement une balle au beau milieu des deux épaules, quand La Varesnerie, qui travaillait à casser une vis avec le dos de son couteau de chasse, dans un des ferrements de Des Touches, releva de ce couteau le canon de la carabine.

— Laisse cette bécasse ! lui dit-il. Ce n’est pas un espion. C’est Couyart, Couyart de Marchessieux, qui s’en vient de Marchessieux à Coutances, où il est compagnon