Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quartier de la ville que nous venions de quitter. Nous hâtions le pas.

Derrière nous, à l’extrémité d’une des rues que nous enfilions, nous vîmes une troupe que nous crûmes les gens du corps de garde, et c’étaient eux probablement. Ils s’avançaient avec précaution, car ils ne savaient pas notre nombre… Qui vive ! firent-ils en s’approchant, mais tous, excepté ceux qui portaient Des Touches, nous leur répondîmes par une décharge de carabines, qui leur dit, du reste, avec une clarté suffisante, que nous étions les Chasseurs du Roi !

Eux aussi tirèrent. Nous sentîmes le vent de leurs balles qui ricochèrent contre les murs, mais ne nous tuèrent personne. Il était évident pour nous, à la mollesse de leur poursuite, que ces hommes qui marchaient sur nous attendaient du renfort de la garnison réveillée, et cette circonstance nous donna de l’avance, et probablement nous sauva. Tout en marchant presque à la course, partout où nous apercevions un réverbère, d’un coup de feu il était cassé ! L’obscurité pleuvait donc dans ces rues étroites, où la plus forte troupe n’aurait pu déployer qu’un très-petit front. C’était là pour nous un avantage. Ceux qui portaient Des Touches étaient couverts par les neuf autres, qui de minute en minute se retournaient et tiraient, en se retournant. Nous touchions à la