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regorger, et où d’ailleurs les paysans de l’Avranchin les remplaçaient et ne faisaient pas mal leur besogne, les Bleus, au premier cri : « Ce sont les Chouans ! » s’étaient portés au pas de charge sur la prison, car officiers et soldats maintenant ne doutaient plus que la bataille qui se donnait au fond de la place n’appuyât une tentative sur Des Touches. Or, à la prison, si vous n’en avez pas oublié la construction, monsieur de Fierdrap, les Bleus avaient trouvé la lourde porte de l’espèce de bâtiment moderne qu’occupait la Hocson très-fortement barricadée, et comme la petite fille à qui Vinel-Aunis avait jeté l’escabeau dans les jambes pour la faire tomber, à moitié évanouie de peur, ne soufflait mot sous la bouche du pistolet de Vinel, et que tout paraissait à l’intérieur silencieux et tranquille, ils crurent naturellement que la Hocson, dont ils connaissaient l’énergie, avait pris ses précautions de défense au premier bruit de tumulte populaire et de chouannerie ; et sûrs qu’elle tenait son prisonnier, ils se réservèrent pour le cas d’attaque ou de sortie, si quelques chouans avaient été assez hardis pour se glisser dans la prison, qui devait être pour eux une souricière ; et ils se déployèrent parallèlement à cette longue muraille où les chevaux, amenés pour être vendus à la foire, étaient rangés et attachés