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traite ou de refuge dans l’expédition qu’ils projetaient, et il fut convenu parmi eux qu’on y ramènerait le chevalier Des Touches, si on parvenait à l’enlever.

— Mais leurs noms, mademoiselle, leurs noms ! dit M. de Fierdrap qui, de curiosité et d’impatience, piétinait le parquet de son pied guêtré.

— Leurs noms ! baron ! répondit la conteuse, ah ! n’allez pas croire que je pense à vous les cacher ! Je suis trop heureuse de les dire. Il y a eu assez d’anonymes et de pseudonymes comme cela dans cette guerre de sublimes dupes que nous avons faite, et, par la mort-Dieu ! je n’en veux plus ! Croyez-le bien, vous m’en auriez laissé le temps qu’ils auraient tous trouvé leur place dans l’histoire que je vous raconte, mais puisque vous le désirez, je m’en vais vous les défiler, tous ces noms, tous ces grains d’un chapelet d’honneur qu’après moi ne dira plus personne ! Écoutez-les : C’étaient La Varesnerie, La Bochonnière, Cantilly, Beaumont, Saint-Germain, La Chapelle, Campion, Le Planquais, Desfontaines et Vinel-Royal-Aunis, qui n’était que Vinel, en son nom, mais qui s’appelait Royal-Aunis, du nom du régiment dans lequel il avait été officier. Les voilà tous, avec Juste Le Breton et M. Jacques ! Comme M. Jacques, dont le nom vrai s’est perdu sous