Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il avait été déposé, en attendant son exécution, qui serait certainement bientôt faite, car la République n’y allait jamais de main morte, et ici, il fallait qu’elle y allât de main très-vive, si elle ne voulait pas que cet homme, l’idole de son parti et doué du génie des ressources, échappât à ses bourreaux ! « La chouette a sifflé du côté de Touffedelys ! » ajouta Juste Le Breton, et le soir même, à la tombée, nous vîmes arriver au château, sous des déguisements divers de colporteurs, de mendiants, de rémouleurs et de marchands de parapluies, — car cette guerre de chouans était nocturne et masquée, — une grande quantité de nos gens, qui, au premier bruit de la prise de Des Touches, s’étaient juré de le délivrer ou d’y périr.

Il en vint même trop. Ce fut une folie que ce grand nombre, dirigé sur un point unique et venant aboutir à Touffedelys. Mais cela vous donnera une idée de l’importance du chevalier Des Touches, que les chouans, qui avaient la prudence au même degré que la bravoure, aient pu compromettre un instant, par un zèle trop vif, l’existence d’un quartier général, aussi commode, pour des guérillas comme eux, que le château de Touffedelys.

Vous ne vous doutez pas, monsieur de Fierdrap, ni vous non plus, mon frère, de ce