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plus grand rôle dans cette crânerie, puisque c’est le seul qui y soit resté !

— Ce n’est pas une raison, cela, dit gravement l’abbé, dans une expédition pareille, il y a plus important que de bien mourir.

— Il y a réussir, repartit la vieille amazone qui avait gardé sous ses cottes grotesques le génie de l’action virile ; mais il a réussi, mon frère, puisque nous avons réussi et qu’il était avec nous ! D’ailleurs, quoique je ne me soucie guère de ce beau Tristan, comme on disait à Touffedelys, qui a laissé sa tristesse sur la vie d’Aimée, je n’en serai pas moins juste envers lui. Il n’y allait pas gaiement, mais il y allait ! C’est lui, c’est ce sentimental qui, lors du premier emprisonnement de Des Touches à Avranches, prit une torche dans sa languissante main, entra résolument dans la prison et n’en sortit que quand tout fut à feu !

— Comment, à Avranches ? objecta le baron de Fierdrap étonné, mais c’est à Coutances que vous avez délivré Des Touches, mademoiselle !

— Ah ! fit mademoiselle de Percy, heureuse d’une ignorance qui donnait de l’inattendu à son histoire. Vous étiez en Angleterre en ce temps-là, vous et mon frère, et vous n’avez su que l’enlèvement qui, de fait, eut lieu à Coutances ; mais avant d’être emprisonné dans