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l’avance, en tête des plus illustres invités. Aux bals d’Almack, aux meetings d’Ascot, il pliait tout sous sa dictature. Il fut le chef du club Watier, dont lord Byron était membre, avec lord Alvanlay, Mildmay et Pierrepoint. Il était l’âme (est-ce l’âme qu’il faut dire ?) du fameux pavillon de Brighton, de Carlton-House, de Belvoir. Lié plus particulièrement avec Sheridan, la duchesse d’York, Erskine, lord Townshend et cette passionnée et singulière duchesse de Devonshire, poète en trois langues, et qui embrassait les bouchers de Londres, avec ses lèvres patriciennes, pour enlever des voix de plus à M. Fox, il s’imposait jusqu’à ceux qui pouvaient le juger, qui auraient pu trouver le creux sous le relief, si réellement il n’avait été que le favori du hasard. On a dit que madame de Staël fut presque affligée de ne pas lui avoir plu. Sa toute-puissante coquetterie d’esprit fut éternellement repoussée par l’âme froide et la plaisanterie éternelle du Dandy, de ce capricieux de neige qui avait d’excellentes raisons pour se moquer de l’enthousiasme. Corinne échoua sur Brummell comme sur Bonaparte : rapprochement qui rappelle le mot de lord Byron cité déjà. Enfin, succès plus original encore : une autre femme, lady Stanhope, l’amazone arabe qui sortit au galop de la civi-