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rieux pour la Grande-Bretagne, comme à Florence on frappa sur la boule d’or dans laquelle l’eau qu’on voulait comprimer était renfermée : l’élément rebelle traversa les parois plutôt que de plier, et eux ne réduiront pas la société anglaise de 1794 à 1816 jusqu’à n’être qu’une société en décadence. Il est des siècles incompressibles qui résistent à tout ce qu’on en dit. La grande époque des Pitt, des Fox, des Windham, des Byron, des Walter Scott, deviendrait tout à coup petite parce qu’elle eût été remplie du nom de Brummell ! Si une telle prétention est absurde, Brummell avait donc en lui quelque chose digne d’attirer et de captiver les regards d’une grande époque ; ― sorte de regards qui ne se prennent pas, comme les oisillons au miroir, seulement à l’appeau de vêtements gracieux ou splendides. Brummell, qui les a passionnés, attachait d’ailleurs beaucoup moins d’importance qu’on n’a cru à cet art de la toilette pratiqué par le grand Chatham[1]. Ses tailleurs Davidson et Meyer, dont on a voulu faire, avec toute la bêtise de l’insolence, les pères de sa gloire, n’ont point tenu dans sa vie la place qu’on leur

  1. Le seul homme historique qui soit grand sans être simple.