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forme. Du reste, et pour des choses plus graves que cette question de costume, c’est dans la donnée des facultés de Brummell d’être mal jugé, son influence morte. Quand il vivait, les plus récalcitrants la subissaient ; mais, à présent, c’est de la psychologie difficile à faire, avec les préjugés dominants, que l’analyse d’un tel personnage. Les femmes ne lui pardonneront jamais d’avoir eu de la grâce comme elles ; les hommes, de n’en pas avoir comme lui.

On l’a déjà dit plus haut, mais on ne se lassera point de le répéter : ce qui fait le Dandy, c’est l’indépendance. Autrement, il y aurait une législation du Dandysme et il n’y en a pas[1]. Tout dandy est un oseur, mais un

    mot-là. En France, l’originalité n’a point de patrie ; on lui interdit le feu et l’eau ; on la hait comme une distinction nobiliaire. Elle soulève les gens médiocres, toujours prêts, contre ceux qui sont autrement qu’eux, à une de ces morsures de gencives qui ne déchirent pas, mais qui salissent. Être comme tout le monde, est le principe équivalent, pour les hommes, au principe dont on bourre la tête des jeunes filles : sois considérée, il le faut, du Mariage de Figaro.

  1. S’il y en avait, on serait Dandy en observant la loi. Serait Dandy qui voudrait ; ce serait une prescription à suivre, voilà tout. Malheureusement pour les petits jeunes gens, il n’en est pas tout à fait ainsi. Il y a sans doute, en