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scènes de Lauzun avec la grande Mademoiselle. Ainsi qu’on le voit, le nom même qu’ils portèrent accuse l’influence française. Leur grâce aussi était comme leur nom. Elle n’était pas assez indigène, assez mêlée à cette originalité du peuple au milieu duquel naquit Shakspeare, à cette force intime qui devait plus tard la pénétrer. Qu’on ne s’y méprenne pas, les Beaux ne sont pas les Dandys : ils les précèdent. Déjà le Dandysme, il est vrai, s’agite sous ces surfaces ; mais il ne paraît point encore. C’est du fond de la société anglaise qu’il doit sortir. Fielding meurt en 1712. Après lui, le colonel Edgeworth, vanté par Steele (un Beau aussi dans sa jeunesse), continue la chaîne d’or ouvragé des Beaux, qui se ferme à Nash, pour se rouvrir à Brummell, mais avec le Dandysme en plus.

Car s’il est né plus tôt, c’est dans l’intervalle qui sépare Fielding de Nash que le Dandysme a pris son développement et sa forme. Pour son nom (dont la racine est peut-être française encore), il ne l’eut que tard. On ne le trouve pas dans Johnson. Mais quant à la chose qu’il signifie, elle existait, et, comme cela devait être, dans les personnalités les plus hautes. En effet, la valeur des hommes étant toujours en vertu du nombre des facultés