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lourd ceinturon, et les courtisans de Charles II, qui avaient bu, dans les verres à champagne de France, un lotus qui faisait oublier les sombres et religieuses habitudes de la patrie, tracèrent la tangente par laquelle on put échapper. Beaucoup par-là se précipitèrent. « Les disciples mêmes eurent bientôt dépassé leurs anciens maîtres ; et, comme l’a dit un écrivain avec une piquante exactitude[1], leur bonne volonté d’être corrompus était si bonne, que les Rochester et les Shaftesbury enjambèrent d’un siècle sur les mœurs françaises de leur temps et sautèrent jusqu’à la Régence. » On ne parle ni de Buckingham, ni d’Hamilton, ni de Charles II lui-même, ni de tous ceux chez qui les souvenirs de l’exil furent plus puissants que les impressions du retour. On a plutôt en vue ceux-là qui, restés Anglais, furent atteints de plus loin par le souffle étranger, et qui ouvrirent le règne des Beaux, comme sir Georges Hevett ; Wilson, tué, dit-on, par Law, dans un duel, et Fielding dont la beauté arrêta le regard sceptique de l’insouciant Charles II, et qui, après avoir épousé la fameuse duchesse de Cleveland, renouvela les

  1. M.  Amédée Renée, dans son introduction aux Lettres de lord Chesterfield, Paris, 1842.