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ne retrouvera donc pas, comme il le faudrait, détaillée et nette, sinon vivante, la société anglaise du temps de Brummell. On ne suivra donc jamais, dans son ondoyante étendue et sa portée, l’action de Brummell sur ses contemporains. Le mot de Byron, qui disait aimer mieux être Brummell que l’empereur Napoléon, paraîtra toujours une affectation ridicule ou une ironie. Le vrai sens d’un pareil mot est perdu.

Seulement, au lieu d’insulter l’auteur de Childe-Harold, comprenons-le plutôt quand il exprimait son audacieuse préférence. Poète, homme de fantaisie, il était frappé, parce qu’il pouvait en juger, de l’empire de Brummell sur la fantaisie d’une société hypocrite et lasse de son hypocrisie. Il y avait là un fait de toute-puissance individuelle, qui devait plus convenir à la nature de son capricieux génie que tout autre fait d’omnipotence, quel qu’il fût.