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V


C eci est presque aussi difficile à décrire qu’à définir. Les esprits qui ne voient les choses que par leur plus petit côté, ont imaginé que le Dandysme était surtout l’art de la mise, une heureuse et audacieuse dictature en fait de toilette et d’élégance extérieure. Très certainement c’est cela aussi ; mais c’est bien davantage[1]. Le Dandysme est

  1. Tout le monde s’y trompe, les Anglais eux-mêmes ! Dernièrement leur Thomas Carlyle, l’auteur du Sartor resartus, ne s’est-il pas cru obligé de parler du Dandysme et des Dandys dans un livre qu’il appelle la Philosophie du costume (Philosophy of clothes) ? Mais Carlyle a dessiné une gravure de mode avec le crayon ivre d’Hogarth, et il a dit : « Voilà le Dandysme ! » Ce n’en était pas même la caricature, car la caricature outre tout et ne supprime rien. La caricature, c’est l’outrance exaspérée de la réalité, et la réalité du Dandysme est humaine, sociale