Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

temps, Pascal, qui fut un dandy comme on peut l’être en France, aurait donc pu en écrire l’histoire avant d’entrer à Port-Royal : Pascal, l’homme au carrosse à six chevaux ! Et Rancé, un autre tigre d’austérité, avant de s’enfoncer dans les jungles de sa Trappe, nous aurait peut-être traduit le capitaine Jesse[1] au lieu de nous traduire Anacréon ; car Rancé fut un Dandy aussi, ― un Dandy prêtre, ce qui est plus fort qu’un Dandy mathématicien, et voyez l’influence du Dandysme ! Dom Gervaise, un religieux grave, qui a écrit la vie de Rancé, nous a laissé une description charmante de ses délicieux costumes, comme s’il avait voulu nous donner le mérite d’une tentation à laquelle on résiste, en nous donnant l’envie atroce de les porter !

Ce qui ne veut pas dire, du reste, que l’auteur présent du Dandysme se croie d’aucune manière Pascal ou Rancé. Il n’a jamais été et ne sera jamais janséniste, et il n’est pas trappiste… encore !

J.-A. Barbey d’Aurevilly.
  1. C’est l’avant-dernier historien de Brummell.