Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

persuader. La princesse ici est l’homme ; le cadet de famille, la femme… et quelle femme ! Célimène et Tartufe combinés ! Plus elle lui verse sur la tête l’éclat de son amour quasi royal, plus il se fait humble, plus il se rapetisse. Il semble dire à cette femme qui descend pour lui : Descendez, descendez encore. Absolument, l’heureux scélérat ! le contraire et la justification de sa devise : « Je vais le plus haut qu’on puisse monter ! »

Les faits de cette romanesque comédie — roman pour l’une, comédie pour l’autre — sont aussi jolis que la comédie elle-même. Tout y est. Dans cette cour presque espagnole d’étiquette, elle ose s’appuyer sur lui, quand elle se lève. Il prend ce temps-là pour lui remettre son papier qu’elle cache, comme une petite fille, dans son manchon, cette héroïne du faubourg Saint-Antoine, qui avait fait tirer le canon contre Louis XIV ! Il s’obstine toujours à ne pas croire, lui, mais un éclair a traversé le masque et elle le voit bien. « Il sera, dit-il, toujours soumis à ses volontés. » Ce n’est pas non, cela ! mais cela dit — ce qu’il était impossible de ne pas dire — le voilà qui s’abîme dans des respects à la rendre folle d’impatience ! Enfin il lâche le grand mot, — le mot humiliant : « Serait-il possible que vous voulussiez épouser un