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condition que vous me ferez réponse au bas de mon écriture. Vous y trouverez assez de papier, parce que mon billet est court, et vous me le rendrez ce soir chez la reine où nous parlerons ensemble. » Je n’eus pas achevé cela que la reine sortit pour aller aux Récollets. Je la suivis. Je priai Dieu de tout mon cœur pour lui demander l’accomplissement de mes desseins. Mes distractions furent grandes. Après être sorties de l’église, nous allâmes chez Monsieur le Dauphin. La reine s’approcha du feu. Je vis entrer M. de Lauzun qui s’approcha de moi sans oser me parler ni quasi me regarder. Son embarras augmenta le mien. Je me jetai à genoux pour mieux me chauffer. Il était tout près de moi. Je lui dis, sans le regarder : « Je suis toute transie de froid. » Il me répondit : « Je suis encore troublé de ce que j’ai vu ; mais je ne suis pas assez sot pour donner dans votre panneau. J’ai bien connu que vous vouliez vous divertir et vous défendre, par un tour extraordinaire, de me dire le nom de ce quelqu’un. Je n’aurai jamais de curiosité lorsque vous aurez la moindre répugnance à me faire quelque aveu. » Je lui répondis : « Rien ne saurait être plus sûr que les deux mots que je vous ai écrits, ni rien de plus résolu dans ma tête que l’exécution de cette affaire. » Il n’eut pas le