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vains de génie. C’est merveilleux de grâce voilée et de passion hypocritement montrée, — de cette passion qui veut qu’on la voie, mais qui ne veut pas se faire voir… Situation piquante ! Elle lui demande des conseils. Il lui en donne, — cherche avec elle qui elle pourrait bien épouser, — ne trouve pas, — lui donne l’idée de se jeter dans la haute dévotion, — la dévotion du temps. Il est d’un sérieux magnifique, cet homme qui voit bien qu’on l’adore. « Ce n’est pas que je ne conçoive, lui dit-il, qu’il ne soit ridicule de passer toute sa vie sans avoir pris un parti de quelque qualité qu’on soit. Lorsqu’on a quarante ans, on ne doit pas se laisser aller aux plaisirs qui conviennent aux filles depuis quinze ans jusqu’à vingt-quatre. Ainsi je vous dois dire ou qu’il faut vous faire religieuse ou vous mettre dans la dévotion. » Il approuve pourtant son dessein d’élever un homme jusqu’à elle, mais fait mine de profondément ignorer sur qui les yeux de cette femme, qui ne voit que lui, sont fixés.

Cependant Madame meurt (la duchesse d’Orléans) pendant cet amour de Mademoiselle pour Lauzun. Le roi parle de la remplacer par Mademoiselle. Mais l’ami du chevalier de Lorraine ne peut convenir à cette âme