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mais. La conduite de cet homme est un chef-d’œuvre. On en peut tirer des maximes générales et des axiomes pour se faire aimer des princesses. Seulement qui a maintenant des princesses à séduire ? Il y a des femmes qui ont le titre : mais des âmes princesses, il n’y en a plus.

Or, voici le premier axiome de l’adorable machiavélisme de Lauzun, car il est adorable de détails. Plus une femme fière, princesse d’âme comme de naissance, devient diaphane et tendre, plus on doit épaissir le respect et s’en envelopper impénétrablement.

Jamais Lauzun n’a manqué à cette loi, dans les tête-à-tête les plus enivrants pour un homme — vaniteux comme il l’était, — ambitieux — amoureux (peut-être l’était-il… Les libertins sont capables de tout, même d’aimer des filles de quarante-trois ans). D’ailleurs il y a dans la vanité surexcitée une inflammation qui ressemble diablement à l’amour. Diablement est le mot.

Il faut lire, dans les Mémoires de la Grande Mademoiselle, ces roueries du respect et ces roueries de la tendresse, fière et impatientée. Cette princesse, qui se soucie bien de la plume qu’elle tient, écrit des choses charmantes, comme n’en ont écrit que des écri-