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vains qui électrisent les imaginations et leur communiquent toutes les audaces[1], et enfin l’influence sur la haute société d’une jeune reine qui a l’affectation de l’amour conjugal, comme Élisabeth avait celle de la virginité. Quelles meilleures sources d’hypocrisie et de spleen ? Le méthodisme, qui était passé des mœurs dans la politique, repasse, à l’heure qu’il est, de la politique dans les mœurs. Un poète, un homme de race, qui tient de sa naissance le très facile courage d’avoir une opinion indépendante, comme il pourrait attendre de son talent une inspiration vraie, lord John Manners ne vient-il pas de publier un volume de poésies en l’honneur de l’Église établie d’Angleterre ? Shelley, l’athée, n’aurait plus même la sécurité de l’exil. Le libéralisme d’idées, qui avait lui comme un rayon de l’intelligence de ses plus grands hommes sur ce pays du pharisaïsme hautain, de la convenance glacée et menteuse, n’a brillé qu’un moment rapide, et la momie du sentiment religieux, le formalisme, y règne toujours au fond de son

  1. Cette absence d’écrivains n’est pas complète, puisqu’il y a Th. Carlyle ; mais quel dommage qu’il préfère souvent le sédatif éther du spiritualisme allemand à ce caviar aiguisé et aimé des Anglais, qui donne des sensations si nettes !