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politique de l’Angleterre. Il y a touché par ses liaisons ; mais il n’y entre pas. Sa place est dans une histoire plus haute, plus générale et plus difficile à écrire, — l’histoire des mœurs anglaises, ― car l’histoire politique ne contient pas toutes les tendances sociales, et toutes doivent être étudiées. Brummell a été l’expression d’une de ces tendances ; autrement son action serait inexplicable. La décrire, la creuser, montrer que cette influence n’était pas seulement à fleur de terre, pourrait être le sujet d’un livre que Beyle (Stendhal) a oublié d’écrire et qui eût tenté Montesquieu.

« Malheureusement je ne suis ni Montesquieu ni Beyle, ni aigle ni lynx ; mais j’ai tâché pourtant de voir clair dans ce que beaucoup de gens, sans doute, n’eussent pas daigné expliquer. Ce que j’ai vu, je vous l’offre, mon cher Daly. Vous qui sentez la grâce comme une femme et comme un artiste, et qui, comme un penseur, vous rendez compte de son empire, j’aime à vous dédier cette étude sur un homme qui tira sa célébrité de son élégance. Je l’aurais faite sur un homme qui eût tiré la sienne de la force de sa raison, que, grâce à la richesse de vos facultés, j’aurais eu bon air de vous la dédier encore.

« Acceptez donc ceci comme une marque