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sur l’intéressante question de savoir si, dans les éventualités du mariage de M. de Marigny, la femme légitime culbutera la maîtresse, ou si la maîtresse culbutera la femme légitime. Là-dessus, des paris se sont engagés de toutes parts avec furie, comme s’il s’agissait de deux chevaux ou de deux jockeys. C’est épouvantable, n’est-ce pas ?… J’ignore le terme assigné à ces insolentes gageures. Mais ce que je sais, c’est que la Vellini, qui fait toujours le contraire de ce qu’on croit d’elle, n’autorise ni par sa conduite, ni par son attitude, les impertinences aléatoires de ces messieurs. « Il faut avouer que cette Espagnole a la dissimulation d’une Italienne, — me disait l’autre jour le comte Rupert, l’un des parieurs ; — on ne croirait jamais qu’elle songe à reprendre Marigny à sa femme. Elle affecte, sur ce point, une espèce d’incompréhensible indifférence ; car la question la regarde bien un peu. L’amour-propre n’est-il pas le dernier de tous nos amours ?… Comme, pour mon compte, je ne tiens pas infiniment à perdre mes trois cents louis, j’ai voulu l’intéresser à mon pari autrement que par la vanité ; mais ouitche ! elle m’a envoyé promener, avec une hauteur, qu’on lui passe, je ne sais pourquoi, comme si elle était la favorite du roi Boabdil… »

« Rupert avait raison. Je suis retourné chez