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plus orgueilleuses quand vous les preniez en considération autrefois. « Avec beaucoup de caractère, — disent-ils (ils lui accordent cela), — Marigny est dominé depuis dix ans par une maîtresse qui sait son empire et qui le gardera, puisqu’elle l’a gardé. Un si long passé est une hypothèque sur l’avenir. » Je crois qu’ils ont raison. Que de fois Marigny a rompu pour renouer avec cette femme, que vous avez tort de mépriser parce qu’elle n’est pas jolie comme vous entendez qu’on doive l’être dans vos salons, mesdames du faubourg Saint-Germain, mais qui n’en est que plus redoutable à l’esprit et aux sens — permettez-moi le mot — d’un homme blasé, dit la Chronique, sur ces tartelettes à la crème de duchesses et de comtesses, qu’il a eues toujours devant lui, en piles, à sa très facile disposition !

« Du reste, pendant qu’il se prépare à passer tout l’hiver là-bas, dans le vieux manoir de sa belle-grand’mère, anachorète improvisé de l’amour et de la fidélité conjugale, je vous donne en quatre à deviner, ma chère comtesse, ce que ses amis font à Paris ! Qui se ressemble, s’assemble, disent les vieux sages. Ils se sont donc assemblés, et dans un sanhédrin d’après souper, ces docteurs de corruption élégante, qui ne portent l’hermine ni sur l’épaule ni nulle part, ont majestueusement ouvert un concours