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voiture sous le péristyle ; c’était après le deuxième acte. Il a laissé madame de Marigny dans une loge de face avec madame de Spaur et madame de Vanvres, et il s’en est allé, comme un prisonnier délivré, retrouver sa vieille maîtresse, comme s’il n’avait pas pour femme la plus belle et la plus intéressante personne de Paris !

— Voilà donc les hommes ! — dit madame d’Artelles ; — et pourtant, vous ne me croirez pas si vous voulez, monsieur de Prosny, mais je vous jure qu’il a aimé Hermangarde, que j’ai été témoin de cet amour et que je ne l’oublierai jamais !

— Et vous ferez bien, comtesse, — répliqua le Prosny, — pour que quelqu’un s’en souvienne ; car lui, probablement, ne s’en souvient plus ! »

Ici, il y eut une pause entre les deux septuagénaires. Mais Belzébuth et Belphégor, qui sont les diables du mariage, dansaient leurs danses dans les pensées du vieux Prosny ; car il reprit philosophiquement, avec un sourire comme doivent en avoir tous les genres de diables en gaieté :

— « Après tout, qu’y a-t-il d’étonnant à cette fin, qui est une reprise ? Est-ce que le Marigny dont nous avons jaugé les passions pouvait éternellement rester dans la solitude