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marquise et la préoccupation dont elle paraissait obsédée.

— « Non, — dit madame de Flers, — je ne suis pas inquiète. Seulement je crains qu’Hermangarde ne prenne froid. Voici le soir. Nous sommes en octobre, et le froid est bien pénétrant sur la mer, quand le soleil est couché. »

La comtesse regagna lentement sa bergère et s’assit.

— « Est-ce que vous avez fait comme moi, marquise ? — dit-elle du ton naturel le plus dégagé, en rangeant les plis de sa robe, du bout de ses quatre doigts, avec une légèreté charmante. — Est-ce que vous avez écrit à quelqu’un, que je vois une lettre entre vos mains ? »

Madame de Flers se prit à sourire, et eut la petite malice d’être très naturelle aussi, en répondant :

— « À qui donc voulez-vous que j’écrive, ma chère belle ? Je n’ai pas comme vous de vicomte de Prosny à admonester. Cette lettre que vous voyez là — (madame d’Artelles ne la voyait pas du tout) — n’est ni de moi, ni même à moi. Elle est adressée à M. de Marigny, et on vient de me la remettre à l’instant. »

La comtesse ouvrit son sac à ouvrage, et chercha ses lunettes.

— « Est-ce de Paris ? — fit-elle, comme par