Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mise sous la griffe d’or de la peau de tigre. La griffe acérée, trop durement appuyée par elle, avait trouvé le sang, qui coulait et qu’elle suça tranquillement. — Ils sont venus de partout me dire que Marigny allait se marier. À chaque femme qu’il a eue dans votre monde ou dans le mien, ils sont venus m’en avertir ! Ne l’ai-je pas toujours su d’avance, la veille même du jour où ces femmes se donnaient à lui ? Moi-même, ne l’ai-je pas souvent renvoyé vers elles lorsqu’il s’en revenait vers moi ? Aujourd’hui, au lieu d’un amour, c’est un mariage…

— C’est un amour et un mariage, — fit l’implacable vicomte.

— Eh bien ! c’est un amour et un mariage, si vous voulez, — répondit-elle ; — mais ce n’est pas un dénoûment. De dénoûment à la liaison qui existe entre Marigny et moi, il n’y en a pas, monsieur de Prosny !

— Ma foi, señora, — dit M. de Prosny d’un ton de plaisanterie, mais dépité, au fond, de trouver cette femme invulnérable, — l’orgueil est une superbe chose et vous savez mieux que moi pourquoi vous en avez… mais votre Oliva est moins belle que mademoiselle Hermangarde de Polastron, la fiancée de M. de Marigny, et, le diable m’emporte, il en est fou… de manière que

— … De manière que Vellini, qui est vieille