Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sarmait. — Je ne demande pas mieux que de vous en donner, des faits positifs, pour vous convaincre du danger qu’il y a de marier Hermangarde à cet homme faux et détestable ! Je ne les sais que d’hier, et je vais vous les dire aujourd’hui. Malheureusement les choses sont bien avancées, mais on a vu casser des mariages encore plus près de la conclusion. Quand je dis qu’il est faux, votre beau fiancé, je ne crois pas que son amour pour Hermangarde soit précisément une tartufferie. Non ! Je le crois fort amoureux, au contraire, de ses radieux dix-neuf ans. Mais je dis qu’il est comme tous les êtres vulgaires de cœur et grossiers de sens, qui prennent la passion pour de l’amour. Au moment où il joue à Hermangarde de ces airs de dévouement et de tendresse dont nous sommes toutes dupes, de mère en fille, il a une maîtresse, ma chère marquise, une maîtresse chez laquelle il va passer tous ses soirs, non pas mystérieusement, mais au su de toute la ville et sans manteau couleur de muraille. Il ne prend même pas la peine de se cacher ! Probablement il y est ce soir encore, au lieu d’être ici où il avait promis de venir et où Hermangarde l’attendait.  »

La marquise de Flers avait repris sa tasse de thé pendant que Mme  d’Artelles faisait sa Catilinaire. Elle la but, et avec un demi-sourire