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vance des convenances extérieures qui l’accompagnaient autrefois. La marquise de Flers n’était pas dévote, mais elle tenait aux traditions d’un autre âge. Elle voulut couronner la félicité qui était l’œuvre de ses mains, des pompes du monde, unies aux pompes de la religion. On se souvint longtemps, à Saint-Thomas d’Aquin, — cette aristocratique église où l’orgueil des races aime à se mettre à genoux devant Dieu, — de la messe de mariage de Mlle de Polastron. La musique en avait été composée par une de ses amies, célèbre depuis, et l’âme de la femme, dans ce morceau dont tout Paris parla et qui n’a pas été recueilli, s’entremêla, pour le rendre plus touchant encore, aux mâles inspirations de l’artiste. La marquise douairière de Flers, qui avait des relations de parenté et de monde avec toute la haute société de Paris et de l’Europe, en avait convoqué le ban et l’arrière-ban à ce mariage. La petite église de Saint-Thomas d’Aquin offrait un spectacle digne des plus beaux jours de la Restauration. On aurait pu se croire à cette époque de dévotion mondaine, en regardant la foule incessante que des voitures chargées d’armoiries déposaient à chaque instant sur les marches du parvis et qui allait s’entasser un peu confusément dans la nef et jusque dans le chœur. Partout ce n’étaient que de nobles vi-