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Enchanté de ces assurances, M. de Marigny laissa la marquise dormir un peu dans son grand fauteuil sur les excellentes dispositions qu’il ne craignait plus de voir compromises. Il reprit l’aplomb de son bonheur. Il sourit un peu en pensant à Mme  d’Artelles et à la mine qu’elle ferait quand elle apprendrait que l’histoire de cette relation à la piste de laquelle elle avait lancé le Prosny, il l’avait lui-même racontée et impunément à la grand’mère d’Hermangarde. M. de Marigny connaissait parfaitement sa comtesse d’Artelles. La franchise aventureuse, imprudente, qui lui avait réussi en disant tout à la marquise, en n’énervant rien de la puissance d’une ancienne maîtresse, en la peignant avec la force de ses souvenirs, devait, bien loin de la ramener, choquer et aliéner davantage l’opiniâtre amie de Mme  de Flers. Et en effet, quand la marquise conta ce qui s’était passé entre elle et son futur petit-fils à Mme  d’Artelles :

« Eh quoi, ma chère ! — répondit celle-ci, ne montrant qu’un étonnement qui, comme on voit, n’était pas à la gloire de Marigny, — il a eu l’audace de vous raconter cette histoire ?…

— Oui, ma chère, il en a eu l’audace, — repartit la marquise avec la petite taquinerie qui est la grâce des plus solides amitiés, — et