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duel, il se piquait d’exactitude. Il descendit de sa calèche aussi lestement qu’il eût fait devant Tortoni. Deux jeunes gens l’accompagnaient.

« — Ce sont mes témoins que je vous présente, messieurs, — dit-il en nous saluant avec politesse et dignité et en donnant la main au comte de Mareuil.

« — Et voici les miens, monsieur, — répondis-je, en désignant du geste MM. de Mareuil et de Cérisy.

« Il n’y avait plus qu’à faire les préparatifs d’un combat dont personne de nous ne contestait la nécessité. C’était au pistolet que nous devions nous battre. On nous plaçait à la distance de quarante pas ; nous devions marcher l’un sur l’autre et nous pouvions tirer quand il nous plairait, même à bout portant.

« Pendant que l’on comptait les pas, le croiriez-vous, marquise ?… j’avais reconnu la Malagaise dans le second témoin de sir Reginald !!! Je pris par le bras le comte de Mareuil, et l’entraînant à l’écart :

« — Vous rappelez-vous — lui dis-je — le fameux duel du duc de Buckingham et du duc de Shrewsbury, dans lequel la duchesse, déguisée en page, tint le cheval de son amant et décampa avec lui quand le pauvre diable de mari eut été couché sur le carreau ? Tenez !