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vous êtes la meilleure comme la plus spirituelle des femmes ; la seconde… parce que mademoiselle de Polastron a la bonté de m’aimer.

— Comme il sent sa force ! — pensa la marquise. — Mais, — dit-elle avec le ton léger que les femmes de la bonne compagnie mêlent sans inconvénient aux choses les plus graves, — si la meilleure et la plus spirituelle des femmes, à qui vous venez d’avouer une liaison de dix ans, ne croyait pas que cette liaison est finie puisque vous et cette fille n’avez pas cessé de vous voir, que pensez-vous que ferait cette meilleure et cette plus spirituelle des femmes, monsieur de Marigny ?

— Elle me ferait injure, voilà tout ! — répondit-il avec une expression superbe. — Quand je donne ma parole d’honneur à madame la marquise de Flers, à la grand’mère de mademoiselle de Polastron, que Vellini n’est plus ma maîtresse, je dois être cru ou je suis donc soupçonné de lâcheté ?

— Eh bien, je le crois ! — dit la marquise ; — mais depuis quand ne l’est-elle plus ?

— Depuis longtemps ! — répondit-il. — Mais pourtant, il faut nous entendre… »

Et il roula un fauteuil près de la marquise, et s’assit.

« Je veux être d’une entière bonne foi, —