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Cela pourrait n’être qu’un titre manqué, mais c’est mieux et voilà pourquoi je m’y appesantis. C’est une révélation tout entière. Vous n’avez qu’à les lire, ces poètes du Parnasse contemporain, et vous verrez s’ils ne sont pas attestés tout entiers dans la pénurie de ce titre dont ils ont cru étoiler leur recueil ! Ils ne sont pas plus neufs que lui. Ils n’expriment pas plus d’idées nouvelles, ils n’ont pas une inspiration qui, en propre, leur appartienne. Ils n’ont pas plus de force à eux que d’inspiration. Ils n’existent vraiment ni par le fond, ni par la forme. Eux ! pour parler comme eux, « un Parnasse », mais tout au plus un Carnaval ! Masques derrière lesquels point de visages ! Arlequins bâtis et bariolés de mille centons arrachés, coupés à d’autres poètes, ils ne sont là en somme et sans exception qu’un troupeau servile ou naïf d’imitateurs, — et d’imitateurs ingrats, qui font pis que de renier les maîtres qu’ils imitent, car pour renier il faut encore un certain courage, et ils se contentent de n’en pas parler !