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vant le public, comme Phryné devant ses juges. Encore Phryné, si j’en crois le tableau de Gérôme, faisait-elle des façons, et ce Parnasse n’en fait pas ! La Phryné du tableau a deux bras dans lesquels elle s’entortille le nez avec une honte — archéologiquement absurde, — mais assez gracieuse et honorable. Le livre que voici n’a point lui cette absurdité. Il n’a point la moindre pudeur de s’intituler lui-même de ce grand diable de nom classique embarrassant : « Le Parnasse contemporain. » Il ne s’en excuse, ni ne s’en explique. Une préface ! pas même une épigraphe ! Ni feuille de figuier, ni feuille de vigne, ni feuille de rien du tout. Seules, la splendeur du beau et la hardiesse du vrai ! Le titre sur la première page… On la tourne, et le défilé des trente-sept Muses contemporaines commence… Vous vous imaginez que c’est à M. Viennet, ou à M. Lebrun, ou à M. de Pongerville, qu’il commence. Eh bien ! pas du tout. Charmante surprise ! C’est à M. Théophile Gautier.