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M. CHARLES BAUDELAIRE


Je sais bien aussi d’où il est sorti, ce patte-pelu et ce félin, encore plus chat que singe. Je connais toutes les lucarnes et toutes les gouttières par lesquelles il a passé et est venu jusqu’à nous. Artiste d’un talent retors, artificiel, jouant à froid la bête scélérate, M. Ch. Baudelaire est très supérieur aux petits jeunes gens qui l’entourent dans ce Parnasse contemporain. Mais soyons justes. Sans M. Hugo, le Père à Tous, — sans M. Théophile Gautier, l’oncle à tous, pour lequel il a montré une admiration orientale incompréhensible aux gens d’esprit européen, presque un sentiment de nègre à blanc, — sans Edgar Poë qu’il a traduit et dont il s’est teint jusque dans les profondeurs de sa pensée — et même sans M. Sainte-Beuve et son terrible carabin de Joseph Delorme, — que serait-il ?