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et ils opposeraient à nos affirmations le contentement et la sécurité des leurs ! Eh bien ! il ne nous convient pas qu’il en soit ainsi et que le débat soit si rapidement enterré ! Le fait d’avoir publié un livre collectif sur la poésie du dix-neuvième siècle, et de l’avoir appelé de ce nom ridicule, mais exclusif de Parnasse contemporain, est un fait grave, qui mérite que la critique s’arrête devant et le contrôle, mais un tel fait, injurieux pour la poésie française, en général, puisqu’il dit : « Hors de mon Parnasse, point de Parnasse » et outrageant pour chaque poète qui ne se trouve pas dans ce Parnasse contemporain en particulier, nous en prétendons égayer la gravité en montrant un par un, ceux qui l’ont commis ! Nous voulons que chacun des imitateurs, qui se croient des maîtres, passent devant vous comme ils passent dans le Parnasse contemporain, mais avec le nom de l’homme qu’ils imitent, écrit en regard de leur propre nom ! Nous voulons enfin que cette armée de singes qui se croient des hommes et qui défilent en tambourinant eux-mêmes leur gloire sur la peau d’âne du Parnasse contemporain, la critique ne s’oppose nullement à leur défilé de parade, mais que tout doucettement sans se fâcher, de l’extrémité de ses doigts délicats, joyeux, inoffensifs, — extremi digiti — elle leur passe au cou un joli petit collier sur lequel elle aura gravé le nom de ceux à qui ils appartiennent, car tout imitateur appartient à celui qu’il imite, afin que nous soyons fixés sur la valeur de ces grimaces poétiques, accumulées dans le Parnasse dit contemporain et qu’on ne puisse désormais confondre avec les vrais poètes leurs magots !