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et c’est ainsi qu’ont lieu, en ce Parnasse d’imitation, les plus comiques enfilades d’imitateurs, les uns par les autres ! Imitateurs compromettant l’imité toujours, comme les valets compromettent leurs maîtres en mettant leurs habits, caudataires écourtés de gens riches en queue, en porteurs de traînes, petits négrillons de la littérature qui s’imaginent aller tout seuls et ne rien porter et qui ne vont que par derrière et qui portent, ils sont là tous dans ce Parnasse, — ennuyeux si vous les prenez tous ensemble : dur bloc, difficile à avaler et à digérer ; mais si vous les prenez un à un et comme ils sont, sans importance, — légers, gentils et amusants, quelquefois à vous désopiler ! Or, c’est ainsi que nous les prendrons, s’il vous plaît. Nous ne vous ferons pas tort d’un seul. Nous les évoquerons tous, les uns après les autres… Nous ne nous bornerons pas à des considérations générales sur ce livre d’échantillons du génie français en poésie au dix-neuvième siècle, et que ces Messieurs viennent de publier. À ces considérations générales qui ne touchent personne, parce qu’elles s’adressent à tout le monde, ils répondraient si elles étaient seules, qu’en matière de goût, surtout, une opinion ne fait pas loi ; que des idées générales ne serrent pas d’assez près l’individualité pour qu’ils s’en émeuvent ;