heureux Cours. Cette messe de midi où nous n’allions jamais, du reste, je l’ai vue devenir, sous la Restauration, une messe militaire à laquelle l’état-major des régiments était obligé d’assister, et c’était au moins un événement vivant dans ce néant de garnisons mortes ! Pour des gaillards qui étaient, comme nous, à l’âge de la vie où l’amour, la passion des femmes, tient une si grande place, cette messe militaire était une ressource. Excepté ceux d’entre nous qui faisaient partie du détachement de service sous les armes, tout le corps d’officiers s’éparpillait et se plaçait à l’église, comme il lui plaisait, dans la nef. Presque toujours nous nous campions derrière les plus jolies femmes qui venaient à cette messe, où elles étaient sûres d’être regardées, et nous leur donnions le plus de distractions possible en parlant, entre nous, à mi-voix, de manière à pouvoir être entendus d’elles, de ce qu’elles avaient de plus charmant dans le visage ou dans la tournure. Ah ! la messe militaire ! J’y ai vu commencer bien des romans. J’y ai vu fourrer dans les manchons que les jeunes filles laissaient sur leurs chaises, quand elles s’agenouillaient près de leurs mères, bien des billets doux, dont elles nous rapportaient la réponse, dans les mêmes manchons, le dimanche suivant ! Mais, sous l’Empereur, il n’y avait point
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