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née, — enfin chemise levée et sans vergogne, amena les anecdotes, et chacun raconta la sienne… Ce fut comme une confession de démons ! Tous ces insolents railleurs, qui n’auraient pas eu assez de brocards pour la confession d’un pauvre moine, dite à haute voix, aux pieds de son supérieur, en présence des frères de son Ordre, firent absolument la même chose, non pour s’humilier, comme le moine, mais pour s’enorgueillir et se vanter de l’abomination de leur vie, — et tous, plus ou moins, crachèrent en haut leur âme contre Dieu, leur âme qui, à mesure qu’ils la crachèrent, leur retomba sur la figure.

Or, au milieu de ce débordement de forfanteries de toute espèce, il y en eut une qui parut… est-ce plus piquante qu’il faut dire ? Non, plus piquante ne serait pas un mot assez fort, mais plus poivrée, plus épicée, plus digne du palais de feu de ces frénétiques qui, en fait d’histoires, eussent avalé du vitriol. Celui qui la raconta, de tous ces diables, était le plus froid cependant… Il l’était comme le derrière de Satan, car le derrière de Satan, malgré l’enfer qui le chauffe, est très froid, — disent les sorcières qui le baisent à la messe noire du Sabbat. C’était un certain et ci-devant abbé Reniant, — un nom fatidique ! — lequel, dans cette société à l’envers de la Révolution, qui