Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme ils disaient, fût beau sous les armes, et ils n’avaient qu’un profond mépris pour ces robustes maladroits, qui peuvent être très dangereux sur le terrain, mais qui ne sont pas au strict et vrai mot, ce qu’on appelle « des tireurs ». La Pointe-au-corps, qui avait été un très bel homme dans sa jeunesse, et qui l’était encore, — qui, au camp de Hollande, et bien jeune alors, avait battu à plate couture tous les autres prévôts et remporté un prix de deux fleurets et de deux masques montés en argent, — était, lui, justement un de ces tireurs comme les écoles n’en peuvent produire, si la nature ne leur a préparé d’exceptionnelles organisations. Naturellement, il fut l’admiration de V…, et bientôt mieux. Rien n’égalise comme l’épée. Sous l’ancienne monarchie, les rois anoblissaient les hommes qui leur apprenaient à la tenir. Louis XV, si je m’en souviens bien, n’avait-il pas donné à Danet, son maître, qui nous a laissé un livre sur l’escrime, quatre de ses fleurs de lys, entre deux épées croisées, pour mettre dans son écusson ?… Ces gentilshommes de province, qui sentaient encore à plein nez leur monarchie, furent en peu de temps de pair à compagnon avec le vieux prévôt, comme s’il eût été l’un des leurs.

« Jusque-là, c’était bien, et il n’y avait qu’à féliciter Stassin, dit La Pointe-au-corps, de sa