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pour se bouder et se raccommoder sans changer de place.) —

« Mais vous n’étiez pas où vous voilà, heureusement ! quand on m’annonça… devinez qui ?… vous ne le devineriez jamais… M. le curé de Saint-Germain-des-Prés. Le connaissez-vous ?… Non ! Vous n’allez jamais à la messe, ce qui est très mal… Comment pourriez-vous donc connaître ce pauvre vieux curé qui est un saint, et qui ne met le pied chez aucune femme de sa paroisse, sinon quand il s’agit d’une quête pour ses pauvres ou pour son église ? Je crus tout d’abord que c’était pour cela qu’il venait.

« Il avait dans le temps fait faire sa première communion à ma fille, et elle, qui communiait souvent, l’avait gardé pour confesseur. Pour cette raison, bien des fois, depuis ce temps-là, je l’avais invité à dîner, mais en vain. Quand il entra, il était extrêmement troublé, et je vis sur ses traits, d’ordinaire si placides, un embarras si peu dissimulé et si grand, qu’il me fut impossible de le mettre sur le compte de la timidité toute seule, et que je ne pus m’empêcher de lui dire pour première parole : Eh ! mon Dieu ! qu’y a-t-il, monsieur le curé ?

« — Il y a, — me dit-il, — madame, que vous voyez l’homme le plus embarrassé qu’il y ait