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muet. Il s’était borné à examiner opiniâtrement son père et sa mère avec une indifférence stupide. Destroy, qui aimait beaucoup les enfants, avait ressenti insensiblement une telle froideur à l’examen de celui-ci, qu’il n’avait pas même songé à l’embrasser. Vingt sensations l’avaient assailli graduellement, et sa curiosité, un moment assoupie, au sujet du mystère qui pesait sur l’existence de Clément, s’était réveillée avec une intensité nouvelle.

Après avoir dîné dans une guinguette, ils retournèrent chez la nourrice. L’enfant dormait. Clément ne voulut pas qu’on le réveillât. La mère se contenta de le baiser au front et de le mouiller silencieusement de larmes. Clément oublia de le caresser, tant il avait hâte de quitter cet intérieur. En gagnant la voiture, Max l’entendit qui disait à Rosalie :

« Pourquoi te faire tant de mal ? Avec le temps, il changera sûrement de visage. Je ne vois d’ailleurs dans cette ressemblance que l’effet d’un hasard comme il y en a tant. »

Rosalie secoua douloureusement la tête.

Cette journée qui, au départ, promettait d’être si joyeuse, s’assombrit tout à coup, comme on l’a vu, puis se termina d’une façon lugubre. Fatiguée par le voyage, déçue dans son amour de mère, sous le poids de lourdes et cruelles pensées, Rosalie fut à peine de retour dans sa maison qu’elle eut des spasmes, suivis d’un long évanouissement. Il en