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Rosalie adressa à son mari un regard rempli de mélancolie et de découragement.

« Bah ! fit Clément en haussant les épaules. Sortons !… »

Durant la promenade, Clément, en apparence maître de lui-même, essaya plusieurs fois de rompre un silence pénible ; mais ni Rosalie, plongée dans une invincible prostration, ni Max, sous l’empire d’impressions puissantes, ne le secondèrent. Ce n’était plus seulement l’étonnante pantomime de Clément et de sa femme, à la vue de l’enfant, qui troublait Destroy ; à cela se joignaient, pour le bouleverser, les remarques que lui avait suggérées l’observation attentive de ce même enfant. Au fond de son souvenir gisait une physionomie identique à celle du fils de Rosalie. Où l’avait-il vue ? C’est ce qu’il ne pouvait se rappeler. Puis, cet enfant ne ressemblait nullement ni à son père ni à sa mère. Il n’avait pas seulement une chevelure d’un noir de jais, quand Clément et Rosalie avaient des cheveux qui tiraient sur le blond, il avait encore des traits qui leur étaient totalement étrangers. Outre cela, ce qui frappait bien davantage, sa jolie figure n’annonçait ni sensibilité, ni intelligence ; elle conservait, même sous les plus tendres caresses, l’impassibilité de l’idiotisme. Les agaceries de sa nourrice n’étaient pas parvenues à le faire sourire ; ses lèvres étaient restées closes comme son cœur semblait