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son âge, doué d’une force peu commune. Il avait les joues et les lèvres roses, de grands yeux noirs, des sourcils arqués qui semblaient dessinés avec un pinceau, et, par-dessus cela, d’épais cheveux bruns, soyeux et bouclés, qui rehaussaient encore la blancheur éclatante de son teint.

« Regarde ! » fît tout à coup Rosalie d’une voix éteinte en présentant l’enfant à son mari.

Clément le prit dans ses bras et considéra attentivement ses traits. Il le rendit presque aussitôt à la mère avec des marques de doute et de terreur.

« Ton obstination n’est pas raisonnable, balbutia-t-il en détournant la tête. Je te jure que tu te trompes. »

Et il se mit à mesurer la chambre à grands pas.

« Il est bien mignon, disait la nourrice avec un attendrissement affecté. On en fait ce qu’on veut. S’il ne rit jamais, il ne pleure pas non plus. Quand il a ce qu’il lui faut, il ne bouge pas plus qu’un terme ; on dirait qu’il réfléchit. »

L’enfant, pendant ce temps-là, regardait alternativement son père et sa mère d’un air glacial et ajoutait ainsi à leurs angoisses. Clément parut incapable de supporter plus longtemps le poids du regard de son fils.

« Voyons, la mère, dit-il d’un ton impérieux à la nourrice, prenez l’enfant, tandis que nous irons faire un tour dans la forêt. »