Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant, la pauvre Rosalie ne se rétablissait pas ; sa vie continuait d’être une alternative régulière de convalescences et d’agonies. Sur les instances des deux époux, quand Clément était à son bureau, Destroy venait la voir fréquemment dans la journée. Il la trouvait quelquefois calme, mais le plus souvent sous l’empire d’un morne accablement. Il fut un jour bien surpris de l’objet de ses préoccupations. Son abattement était plus profond que de coutume ; elle semblait la proie de rêveries funèbres. Max essaya quelque temps, sans y réussir, de l’arracher à cet état douloureux. Enfin, relevant la tête, et attachant sur son ami de longs regards mélancoliques :

« Croyez-vous, cher Max, dit-elle d’une voix altérée, qu’il y ait un Dieu ? »

Destroy l’examina avec étonnement.

« Oui, fit-il, je le crois.

— Et après la mort, pensez-vous qu’il y ait quelque chose ? »

L’étonnement de Max devenait de la stupeur.

« Je ne saurais concevoir, dit-il, comment périrait l’âme d’un corps qui ne doit subir qu’une transformation.

— Ainsi, il se pourrait qu’il y eût des châtiments ? »

La question était embarrassante ; en trois mots, Rosalie en disait plus qu’il n’en faut pour déconcerter