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l’avait toujours remplacée, et, par le fait de l’habitude, il ne l’avait encore désignée que sous le prénom de Mme Henriette. Un matin, Clément, devant sa femme, dit à Max qui déjeunait avec eux : « Ah ça ! tu ne nous as pas encore dit le nom de ton amie la musicienne.

— C’est singulier, » répondit Destroy. Il ajouta aussitôt : « Mme Thillard-Ducornet. »

Ce nom fut un coup de foudre pour le mari et la femme ; tous deux tressaillirent, notamment Rosalie, qui, moins maîtresse d’elle-même, faillit se trouver mal.

« Comment ! s’écria Clément en regardant Max avec stupeur, la femme de cet agent de change qui a été assassiné ?

— Non, qui s’est noyé, » fit observer Destroy.

Tout à coup, Rosalie, frappant dans ses mains, éclata de rire, mais d’un rire forcé et convulsif, tandis que son mari, l’air hébété, reprenait précipitamment :

« Oui, c’est ce que je voulais dire, noyé. On l’a repêché, si je ne me trompe, dans les filets de Saint-Cloud.

— Est-ce que tu l’as connu ? demanda Max.

— Pardieu ! fit Clément qui recouvra subitement son sang-froid. Juge toi-même si j’ai lieu d’être surpris : Thillard-Ducornet est précisément l’agent de change chez lequel j’ai été garçon de recettes.