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Je posai ensuite le portefeuille sur la table, j’en approchai la chandelle dont j’écartelai la mèche pour y mieux voir, puis je m’assis. Rosalie vint s’asseoir à côté de moi. Il ne semblait pas qu’il fut vain de la mettre en garde contre une émotion trop vive, précaution dont moi-même j’avais grand besoin. J’ouvris le portefeuille. A la première chose que j’en tirai, nous suffoquâmes de joie, ou mieux, nous faillîmes mourir sur le coup ; car cette première chose se trouva être une liasse de billets de banque. « Ah ! enfin ! ah ! enfin ! » répétâmes-nous pendant dix minutes, d’une voix entrecoupée.

« Bientôt plus calmes, nous nous donnâmes la jouissance de compter les billets un à un. Nous n’en finissions pas : il y en avait trois cents, TROIS CENT MILLE FRANCS !… Rosalie était d’avis de tout garder. Cela ne cadrait point avec mes combinaisons. A l’immense convoitise qui m’envahissait se mêlait une certaine prudence. Des trois cents billets, j’en détachai cent que je serrai précieusement dans le portefeuille, lequel portefeuille je replaçai non moins précieusement dans la poche où je l’avais tiré. Je bouclai ensuite la valise…

« Mais qu’allons-nous en faire ? » me dit tout à coup Rosalie qui, un moment, avait oublié Thillard. « Sois calme, lui répondis-je. Occupe-toi seulement à mettre en sûreté ces billets dans la doublure de ta robe ou de tes jupons… »