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visiteurs s’y rencontraient en même temps. Rosalie, étendue languissamment sur une chaise longue, était l’objet d’une sollicitude exclusive. Elle semblait extrêmement touchée de cet empressement et marquait sa reconnaissance en imprimant, par intervalles, à ses lèvres sèches et décolorées l’inflexion d’un sourire. Bien moins pour elle-même qu’une prostration insurmontable rendait incapable de s’intéresser à quoi que ce fût, que dans l’intention de procurer à son mari une distraction qu’il préférait à toute autre, elle pria même instamment Mme Thillard et Max de faire un peu de musique. Mais cette déférence pour les goûts de Clément dépassait la mesure de ses forces. Les sons pénétrants du violon faisaient vibrer douloureusement sa chair et produisaient sur tout son corps l’effet d’un acide sur une plaie ; Destroy fut contraint de s’arrêter au tiers du morceau. Sur les ordres de Clément, la vieille Marguerite servit une collation improvisée. Si la soirée était triste, du moins était-elle d’une tristesse tranquille. La pendule marquait déjà dix heures. Rodolphe, de Villiers, puis bientôt le vieux Frédéric, parlèrent de se retirer. Au milieu du silence qui précédait leur départ, la sonnette de la porte rendit tout à coup des sons éclatants. Rosalie et Clément tressaillirent.

« L’heure des visites, fit Clément en regardant la pendule d’un air inquiet, est passée, ce me semble. »