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avait pas de confusion possible et que le phénomène n’était pas contestable. Bouleversé, presque terrifié, il se tourna vers son amie, qui, de son côté, le considérait sans comprendre sa pantomime. « Ce portrait, madame, » lui dit-il avec précipitation, n’était-il pas autrefois dans votre salle à manger ? » Mme Thillard fit un geste affirmatif. « C’est cela, » repartit Max d’un air profondément pensif ; « je me rappelais bien l’avoir vu, mais je ne savais plus où. » Il ne dit rien de plus ; si bien que Mme Thillard, dont les pressantes questions n’eurent pas de réponse, en fut réduite à faire des conjectures. Par le fait de cette faiblesse qui nous porte à interpréter les actes d’autrui dans le sens le plus conforme à notre passion, elle avait jadis fait disparaître ce portrait de son mari du mur de la salle à manger, pour avoir cru que Destroy ne le voyait pas sans déplaisir, quand, véritablement, il y prenait à peine garde. Elle continua volontiers son erreur, et y ajouta, en attribuant, comme elle l’avoua peu après, l’émotion de Max, puis son accablement, à cette même jalousie rétrospective qu’elle lui avait déjà supposée.

Il arriva, environ trois semaines plus tard, que Mme Thillard, sa mère et Frédéric, Max, Rodolphe, de Villiers et deux ou trois autres personnes, se trouvèrent un soir réunis chez Clément. C’était la première fois, depuis la grande soirée, que tant de