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Cordeliers. On le conjurait de prêcher encore, lui disant qu’on saurait bien le défendre et le protéger contre toute offense ; les femmes arrivaient avec des couteaux cachés sous leur robe ou des pierres en leurs poches pour faire un mauvais parti à quiconque voudrait lui nuire et l’empêcher de parler. Alors on publia, à son de trompe, dans toutes les places publiques, les anciennes ordonnances qui défendaient aux gens de Paris de s’assembler sans la permission du roi, ou de sa justice. On ajoutait qu’en contravention à ces ordonnances, plusieurs personnes s’étaient assemblées de jour et de nuit aux Cordeliers sous prétexte de défendre frère Antoine qui n’en avait nul besoin, puisque aucun mauvais traitement ne lui avait été fait, et qu’on l’avait seulement interrogé de la part du roi. En conséquence, il était défendu, sous peine de confiscation de corps et de bien, de s’assembler aux Cordeliers, et les maris étaient chargés d’empêcher leurs femmes de s’y rendre. Mais le peuple était si passionné pour les sermons de frère Antoine qu’on tournait en dérision ces publications ; on les traitait de folies, disant que le roi n’en savait rien.