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toine Fradin, natif de Villefranche en Beaujolais, était venu y prêcher. C’était un homme de grande éloquence et de ferme courage. Il parlait avec vigueur contre tous les vices du temps, et le désordre des mœurs ; aucune condition n’était ménagée, et il avait plus de hardiesse contre les grands que contre les petits. Le peuple se portait en foule à ses sermons. Beaucoup de femmes changèrent leur vie mondaine, et plusieurs même s’allèrent jeter en des couvents. Quelques hommes aussi se réformaient et renonçaient aux voluptés. Frère Antoine ne se bornait pas à parler des péchés commis par les particuliers ; il blâmait tout aussi hautement les abus publics, la mauvaise justice, le gouvernement du roi, la conduite des princes et seigneurs ; il disait que le roi avait de mauvais serviteurs, qui perdraient lui et son royaume. Plus il prêchait ainsi, plus grande était l’affluence.

Dès que le roi apprit nouvelle de tout cela, il envoya au plus vite maître Olivier son barbier pour y mettre ordre. Défense fut faite à frère Antoine de continuer ses prédications. Mais la foule ne cessait de se porter au couvent des